Combo d'images satellites diffusées par Maxar Technologies le 26 septembre 2024 montrant une zone au Liban avant une frappe israélienne (à gauche) et après.
Combo d'images satellites diffusées par Maxar Technologies le 26 septembre 2024 montrant une zone au Liban avant une frappe israélienne (à gauche) et après. © AFP Photo/Satellite image ©2024 Maxar Technologies

Commencée le 1er octobre, l'offensive militaire israélienne au Liban contre le Hezbollah voit l'état-major de l'État hébreu en grand besoin d'imagerie géolocalisée du pays, voire de la région.

Or, comme Intelligence Online l'a révélé (IO du 02/08/24), les forces armées israéliennes fonctionnent depuis cet été avec des capacités très dégradées du point de vue de l'observation depuis l'espace. Elles ont en effet perdu coup sur coup deux de leurs satellites les plus récents. Le 9 juin, l'un des deux satellites optiques de troisième génération Ofeq 11 s'est désorbité, suivi le 14 juillet par Ofeq 10, l'un des deux satellites radar à synthèse d'ouverture (SAR).

Outre ses deux "vieux" satellites optiques de deuxième génération, Ofeq 7 et Ofeq 9, lancés respectivement en 2007 et 2010, mais aux performances inadaptées aux conflits modernes, la défense israélienne ne peut ainsi plus compter en propre que sur l'Ofeq 16, lancé en 2020 pour l'observation optique, et l'Ofeq 13, mis en service en 2023 et qui assure la couverture SAR, ainsi que sur le satellite Eros C3-1 de l'opérateur commercial ImageSat International, lancé en 2022 et qui offre des performances proches de celles de l'Ofeq 11. Des capacités qui apparaissent notoirement insuffisantes au regard des multiples enjeux d'observation du pays dans la région, de Gaza à l'Iran, en passant par la Syrie et le Yémen.

Images réservées

De ce fait, Israël compte plus que jamais sur la fourniture d'imagerie de la part de Washington, sujet qui fut abordé lors de la visite du premier ministre Benjamin Netanyahu dans la capitale américaine les 23 et 24 juillet. Comme Intelligence Online s'en est fait l'écho, les forces armées israéliennes bénéficient d'images de l'opérateur privé américain BlackSky, via un contrat de 150 millions de dollars passé secrètement avec la société (IO du 30/07/24), ainsi que des images prises par l'opérateur Maxar via l'intermédiaire du Pentagone.

L'importance des livraisons d'imagerie de la région est illustrée par la négative : les clients internationaux qui consultent le catalogue commercial Maxar constatent qu'il n'y a quasiment plus d'images récentes de satellites de la société sur les zones clés libanaises. À titre d'exemple sur Beyrouth, en ce qui concerne la période du 1er août au 30 septembre, seules deux images des satellites WorldView-3 sont disponibles, toutes les autres acquisitions du satellite sur la zone étant réservées au Pentagone et par conséquent hors catalogue commercial. Concernant BlackSky, c'est encore plus limpide : aucune image n'est disponible pour des tiers, toute la capacité d'acquisition quotidienne sur la région étant exclusivement pour le Pentagone et la défense israélienne…

Planet, opérateur préféré par défaut des médias

À l'inverse du cas BlackSky et Maxar, dont peu d'images sont accessibles à l'achat, les images satellites de Planet sont quant à elles abondamment utilisées depuis le début de l'offensive du 1er octobre par les médias du monde entier pour illustrer les bombardements israéliens au Liban. Cette disponibilité des images de Planet illustre en creux la situation actuelle en matière de moyens spatiaux : si Planet dispose d'images au catalogue, c'est que les images de cet opérateur ne jouent qu'un rôle modeste pour les agences de défense, tant américaines qu'israéliennes.

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